
Les jeux vidéo occupent aujourd’hui une place centrale dans notre culture, réunissant des millions de joueurs de tous âges à travers le monde. Ils constituent un véritable espace d’exploration, d’apprentissage et parfois même de résilience.
Avec le temps, la recherche scientifique a commencé à s’y intéresser de plus prés. Et si jouer à Super Mario 64 pouvait non seulement divertir, mais aussi modifier notre cerveau ?
🔬 L’étude en question
Cette étude, menée par Gregory West et ses collègues à l’Université de Montréal en 2017 1, a exploré les effets de Super Mario 64 sur le cerveau .
Voici un aperçu de leur découverte :
Les chercheurs ont recruté 33 adultes âgés de 55 à 75 ans et les ont répartis en trois groupes :

- Groupe « Mario » : Ce groupe jouait à Super Mario 64 sur Nintendo DS pendant 30 minutes par jour, 5 jours par semaine pendant 6 mois.
- Groupe « Musique » : Ce groupe suivait des cours de musique assistés par ordinateur pendant 6 mois
- Groupe « Témoin » : Ce groupe ne faisait aucune activité spécifique, pendant 6 mois également

Avant et après ces six mois, les participants passaient une IRM cérébrale pour mesurer leur matière grise.
📊Résultats

Le groupe “Mario” a présenté une augmentation significative de matière grise dans l’hippocampe, le cervelet et le cortex préfrontal dorsolatéral.
Ces régions sont impliquées dans la mémoire spatiale, la planification stratégique et la coordination motrice.
À l’inverse, les deux autres groupes n’ont montré aucune modification notable.
🎮Pourquoi Super Mario 64 et pas un autre jeu ?
Il a déjà été démontré que jouer à des jeux vidéo en 3D favorisait le développement de la matière grise dans l’hippocampe chez les jeunes adultes.2
Ce qui rend l’étude de West et al. (2017) si fascinante, c’est qu’elle a été la première à montrer qu’une activité aussi ludique que le jeu vidéo pouvait stimuler la mémoire et la plasticité de l’hippocampe chez les personnes âgées.

A la différences de ces prédécesseurs, ce n’est pas un jeu de plateforme classique :
Chaque niveau est un monde à part dans lequel le joueur est libre de se déplacer dans toutes les directions et de découvrir l’environnement sans limites de temps, ce qui était – à l’époque – une grande nouveauté.
Le joueur doit sans cesse :
- Explorer, mémoriser des trajectoires et des repères
- Se repérer dans l’espace en naviguant entre niveaux
- Planifier ses actions (sauts, obstacles, itinéraires).

Toutes ces tâches activent l’hippocampe, une zone clé du cerveau responsable de la mémoire spatiale et de la création de cartes mentales.

D’un point de vue neuroscientifique, Super Mario 64 agit comme une salle de sport cognitive : chaque niveau devient une session d’entraînement pour le cerveau.
🧠 Implications pour le vieillissement cognitif

Le vieillissement cognitif est un processus normal. Avec l’âge, l’hippocampe tend à rétrécir, ce qui augmente le risque de déclin cognitif.
Les résultats de West et al. suggèrent que de jouer à ce type de jeux vidéos de façon régulière peut :
- Stimuler la neuroplasticité
- Améliorer la mémoire spatiale et les fonctions exécutives
- Prévenir certains effets du vieillissement cérébral.
Cette recherche ouvre des pistes pour des interventions ludiques visant à contrer le déclin cognitif, et aussi une touche de positivité !

- West GL, Zendel BR, Konishi K, Benady-Chorney J, Bohbot VD, Peretz I, Belleville S. Playing Super Mario 64 increases hippocampal grey matter in older adults. PLoS One. 2017 Dec 6;12(12):e0187779. doi: 10.1371/journal.pone.0187779. PMID: 29211727; PMCID: PMC5718432. ↩︎
- Clemenson GD, Stark CE. Virtual Environmental Enrichment through Video Games Improves Hippocampal-Associated Memory. The Journal of neuroscience: the official journal of the Society for Neuroscience. 2015;35(49):16116–25. doi: 10.1523/JNEUROSCI.2580-15.2015 ↩︎